Biographie de Najat Aatabou
Au Maroc, la Berbère Najat Aatabou, grande star de la chanson populaire châabi au royaume de Mohammed VI, tient une sorte de courrier du cur, sinspirant " des lettres, très nombreuses, que je reçois des femmes qui mécoutent puis me racontent leurs problèmes. Et je les résous en chantant.
"Et quels sont les douleurs des femmes marocaines ?" Comme partout, des blessures damour. Des maris infidèles, des foyers parallèles, des mensonges. " Comment cette infatigable joueuse de mots, alignant des strophes (en arabe, parfois en tamazight, lune des trois langues berbères du Maroc) comme une rappeuse du Bronx, traduit-elle ces blessures ordinaires ? " Eh bien, par exemple, jai une chanson, Souerret (Ces clés sont à qui ?). La femme prend le trousseau du mari, et passe en revue les clés les unes après les autres, la porte dentrée, le garage, le bureau, et lune ne correspond à rien... "
Femmes trompées, jalouses, jamais soumises, telles sont celles qui peuplent lunivers des chansons écrites par Najat Aatabou, qui fustige " lhomme qui ment toujours ", inventant travail et réunion, ou celui qui abandonne son épouse enceinte en prétextant que lenfant nest pas de lui. Au passage, elle sen prend aux maîtresses, et cela fait un tube, Choufi Ghirou (Cherches-en une autre). Du groupe-phare de lopposition marocaine, Nass-el-Ghiwan, elle dit simplement : " Eux, ils font de la chanson engagée. " Chapeau à large bord, maquillage impeccable, manteau à motifs panthère, Najat Aatabou promène des allures de star, légitimement. Enceinte, la " lionne de lAtlas " a momentanément abandonné ses tailleurs-pantalons de cuir noir, au profit dune robe de velours cernée de perles. A quelques jours dun retour à lOlympia, où elle avait fait ses débuts français en 1984, Najat Aatabou revient sur un parcours qui la menée de sa ville natale de Khemisset, dans le Moyen Atlas, au triomphe. En 1981, Najat Aatabou chante dans un mariage une chanson inspirée dune histoire vraie : une de ses amies part en voyage, et à son retour son fiancé est mort. " Jen ai marre, jen ai marre ", psalmodie la jeune femme.
Dans lassemblée, un joyeux bootlegger enregistre secrètement la voix vibrante de Najat Aatabou. Quelques semaines plus tard, alerté par la radio et les cassettes pirates, le petit peuple marocain fredonne la chanson de cette inconnue dont on ignore le visage, le nom, lidentité. Najat entend sa voix par hasard en faisant ses courses. Sa famille aussi. " Je nétais pas contente, dit-elle aujourdhui. Je voulais faire des études, devenir avocate, mais... mektoub. Je suis tombée malade, clouée au lit. Jétais terrorisée par la réaction de mes frères. Chanter, pour une femme, était synonyme de mauvaise vie. " Najat se réfugie à Casablanca, et signe un contrat avec les éditions musicales Hassania. Bannie pendant plus de trois ans par sa famille, elle en fait une chanson, Ma mère quest-ce que jai fait ? Excuse-moi, cest le destin qui nous a séparées, quelle vient de reprendre en duo avec Neneh Cherry. Najat Aatabou nest pas à proprement parler une chikha, chanteuse traditionnelle à la parole libre, à linstar des chikhates du Moyen Atlas. Celles-ci incarnent une tradition paysanne où le rythme est donné par le bendir et la mélodie appuyée par le luth lotar, tandis que Najat Aatabou en provoque le dévoiement urbain, synthétiseur et électrification en conséquence.
Au Maroc, la Berbère Najat Aatabou, grande star de la chanson populaire châabi au royaume de Mohammed VI, tient une sorte de courrier du cur, sinspirant " des lettres, très nombreuses, que je reçois des femmes qui mécoutent puis me racontent leurs problèmes. Et je les résous en chantant.
"Et quels sont les douleurs des femmes marocaines ?" Comme partout, des blessures damour. Des maris infidèles, des foyers parallèles, des mensonges. " Comment cette infatigable joueuse de mots, alignant des strophes (en arabe, parfois en tamazight, lune des trois langues berbères du Maroc) comme une rappeuse du Bronx, traduit-elle ces blessures ordinaires ? " Eh bien, par exemple, jai une chanson, Souerret (Ces clés sont à qui ?). La femme prend le trousseau du mari, et passe en revue les clés les unes après les autres, la porte dentrée, le garage, le bureau, et lune ne correspond à rien... "
Femmes trompées, jalouses, jamais soumises, telles sont celles qui peuplent lunivers des chansons écrites par Najat Aatabou, qui fustige " lhomme qui ment toujours ", inventant travail et réunion, ou celui qui abandonne son épouse enceinte en prétextant que lenfant nest pas de lui. Au passage, elle sen prend aux maîtresses, et cela fait un tube, Choufi Ghirou (Cherches-en une autre). Du groupe-phare de lopposition marocaine, Nass-el-Ghiwan, elle dit simplement : " Eux, ils font de la chanson engagée. " Chapeau à large bord, maquillage impeccable, manteau à motifs panthère, Najat Aatabou promène des allures de star, légitimement. Enceinte, la " lionne de lAtlas " a momentanément abandonné ses tailleurs-pantalons de cuir noir, au profit dune robe de velours cernée de perles. A quelques jours dun retour à lOlympia, où elle avait fait ses débuts français en 1984, Najat Aatabou revient sur un parcours qui la menée de sa ville natale de Khemisset, dans le Moyen Atlas, au triomphe. En 1981, Najat Aatabou chante dans un mariage une chanson inspirée dune histoire vraie : une de ses amies part en voyage, et à son retour son fiancé est mort. " Jen ai marre, jen ai marre ", psalmodie la jeune femme.
Dans lassemblée, un joyeux bootlegger enregistre secrètement la voix vibrante de Najat Aatabou. Quelques semaines plus tard, alerté par la radio et les cassettes pirates, le petit peuple marocain fredonne la chanson de cette inconnue dont on ignore le visage, le nom, lidentité. Najat entend sa voix par hasard en faisant ses courses. Sa famille aussi. " Je nétais pas contente, dit-elle aujourdhui. Je voulais faire des études, devenir avocate, mais... mektoub. Je suis tombée malade, clouée au lit. Jétais terrorisée par la réaction de mes frères. Chanter, pour une femme, était synonyme de mauvaise vie. " Najat se réfugie à Casablanca, et signe un contrat avec les éditions musicales Hassania. Bannie pendant plus de trois ans par sa famille, elle en fait une chanson, Ma mère quest-ce que jai fait ? Excuse-moi, cest le destin qui nous a séparées, quelle vient de reprendre en duo avec Neneh Cherry. Najat Aatabou nest pas à proprement parler une chikha, chanteuse traditionnelle à la parole libre, à linstar des chikhates du Moyen Atlas. Celles-ci incarnent une tradition paysanne où le rythme est donné par le bendir et la mélodie appuyée par le luth lotar, tandis que Najat Aatabou en provoque le dévoiement urbain, synthétiseur et électrification en conséquence.
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