21/10/2009

Mohamed Rouicha - محمد رويشة


Biographie de Mohamed Rouicha
Chanteur berbère à la voix chaleureuse, Mohamed Rouicha est aussi un spécialiste du "Ouatar", un instrument marocain rarement joué et semblable à une sorte de Oud, plus rustique. Artiste ayant acquis une renommée nationale en tant qu'interprète des chants amazigh et arabe, il a réalisé plusieurs albums salués par le public marocain.Le célèbre chanteur populaire, amazigh et arabe, Mohamed Rouicha était présent au festival dans la ville , tenu en parallèle avec le festival de Fès des musiques sacrées du monde. Menara l’a rencontré. Il ne cache pas son amertume...
Le célèbre chanteur populaire, amazigh et arabe, Mohamed Rouicha était présent au festival dans la ville, tenu en parallèle avec le festival de Fès des musiques sacrées. Menara l’a rencontré. Rouicha, ayant marqué l’histoire de la musique populaire marocaine, voile à peine ses mots pour dénoncer la situation dégradante des artistes marocains.
Menara : Quel sens peut-on donner à votre présence et participation au festival de Fès ?
M. Rouicha : C’est une très bonne chose que de voire des cultures différentes venues des quatre coins du monde se rencontrer dans un seul et même lieu, et à fortiori à Fès, la capitale spirituelle du Royaume. Ce qui donne au célèbre adage « La musique n’a pas de frontières » tout son sens et sa profonde signification. A titre d’exemple, chez nous au Maroc, la musique du Souss ressemble dans certaines de ses mélodies et rythmes, voire dans certains gestes ou mouvements, à la musique asiatique. Ainsi, le festival de Fès lance un message très clair, celui de l’amour et de la paix, entre les cultures de différents peuples de notre planète. Dieu merci.
Menara : Peut-on trouver dans votre riche répertoire, populaire du reste, des ressemblances avec la musique sacrée ?
M. Rouicha : Mes chansons versent parfois dans le thème du festival : la musique soufi et sacrée. Et les textes en témoignent, quand on évoque Dieu par exemple, le destin de l’homme sur terre, etc. Donc il y a des questionnements soufis dans nos chansons à texte. Loutar (instrument à cordes pincées), recèle différents sons et rythmes qu’on trouve d’ailleurs dans d’autres instruments classiques marocains (Gunebri, Hajhouj, etc). Nous nous efforçons de les améliorer et de les développer davantage afin de dégager une autre mélodie « Rouichyenne », si on peut dire.
Menara : Vous avez récemment participé au Forum des jeunes du troisième millénaire. Quel regard portez-vous sur la jeunesse marocaine ?
M. Rouicha : Je dis et je ne cesse de le répéter : « notre avenir est entre les mains de notre jeunesse ». Mais les jeunes ne doivent pas oublier pour autant, nos valeurs identitaires et religieuses. Ceci étant, les jeunes auront toujours besoin d’être assisté et appuyés par tous : parents, ministères (NDLR : ministère de l'Education nationale), etc. Autrement, les jeunes seront déçus et sans aucun espoir.
Menara : Que pensez-vous de la musique marocaine ?
M. Rouicha : La musique marocaine moderne est morte. Mes excuses à tous les artistes. Mais où est la musique marocaine ? N’a-t-on pas d’instituts, des écoles de formation ? Ou bien se sont les compositeurs qui font défaut ? La musique khaliji et autres musiques légères nous envahissent chaque jour, sans qu’on puisse réagir.
Menara : Que faut-il faire alors ?
M. Rouicha : Il faut réglementer, il faut avoir des ministres responsables et impliqués. Les artistes marocains se battent toujours pour avoir un statut, qui leur garantit leurs dignité et leurs droits les plus élémentaires (prévoyance sociale, retraite, etc). Combien d’artistes dans leur derniers jours se sont éteint dans l’indifférence la plus totale. Je ne cite que le dernier en date, Sidi Brahil Al Alami. C’est la marginalisation, voire l’humiliation. Où en est la loi sur le statut de l’artiste ? Quand est ce que verra-t-elle le jour ? Il nous faut des institutions, des académiciens de musique. On n’a jamais cessé de répéter cela. Les responsables sont sourds. Il faut mettre un terme à la corruption et au clientélisme.
Menara : Une rumeur circule depuis très longtemps concernant votre opinion sur le maître Mohamed Abdelouhab…
M. Rouicha : Il n’y a pas plus beau et plus sublime que l’homme qui mesure ses mots avant de les prononcer. Le Saint Coran dit d’ailleurs qu’il faut vérifier une information, au risque de porter atteinte à autrui. J’ai tout l’estime, le respect et la considération à ce grand monsieur qu’est Mohamed Abdlouhab.
Menara : Comment avez-vous débuté votre carrière musicale ?
M. Rouicha : Mes débuts avec l’art et la musique remontent aux années soixante (plus précisément l’année 1964). J’ai commencé comme amateur à la RTM dans la division amazigh et arabe. Il aura fallu attendre l’année 1979 pour être confirmé comme musicien professionnel. L’art, et la musique plus particulièrement, est un métier stressant. Mais c’est une responsabilité qu’il faut assumer.
Menara : Pourquoi avoir choisi Loutar pour assumer cette responsabilité ?
M. Rouicha : Loutar est instrument qui était menacé de disparition. Il était utilisé dans la Halka (notre théâtre ancien, dont je suis fier). J’ai voulu le sauver et faire de lui un instrument musicale marocain à part entière.
Dans l’imaginaire marocain, il est synonyme de quelque chose de futile et d’insignifiant, puisque les mendiants s’en servaient dans les bus et les cars. Or, c’est instrument historique, et qui fait partie de notre patrimoine. On jouait avec dans le malhoune, le merssaoui, etc. Chez nos voisins les Algériens, il est soigneusement gardé dans les musées.
Le modèle occidental n’est pas le meilleur, et comme dit un ancien adage marocain : « il y a dans le fleuve ce que la mer ne peut contenir ».

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